L'établissement Vandel et Reverchon fut l'un
des principaux faisant commerce d'horloges comtoises et d'horloges d'édifice à
partir de Morez
(Jura).
Vandel et Reverchon sont visiblement issus tous 
les deux du monde des forges. La famille Vandel est une famille aisée 
propriétaire de forges [C0029, p. 183, 184].
De son côté, en 1811, Nicolas Reverchon est 
co-propriétaire avec les Frères Cléments (François Célestin), établisseurs 
moréziens, d'une forge le long de la Bienne. Dite « le Martinet neuf », elle se 
compose d'une grosse forge, d'un martinet et d'une platinerie. Cléments et 
Reverchon y fabriquent des fers et des tôles pour l'horlogerie, puis des clous. 
Ces bâtiments sont cédés à Aimé Bourgeois avant 1855 qui, à son tour, les 
revendra aux Frères Prost pour y faire de l'horlogerie d'édifice [I0002]. En 
1812, Cléments et Reverchon décrivent leur forge comme ayant 8 rouages, « 
spécialisé en partie dans la production de plaques et de tôles d'horlogerie » et 
dans la « fabrication de toutes sortes de petits fers ronds, plats ou carrés 
pour les besoins de la grosse horlogerie du pays ». Ils alimentent leur forges 
en charbon de bois et en charbon de houille importé [C0029, p. 187, p. 189].
Puis, Reverchon (nous 
pensons qu'il s'agit du même Reverchon) s'associe à Vandel comme établisseurs et 
négociants en horlogerie : ils finissent et vendent diverses pièces 
d'horlogerie, en particulier des horloges d'édifice. Du fait de leurs activités 
dans les forges, nous pensons probable qu'ils fabriquaient eux-mêmes les 
horloges d'édifice.
Description technique des horloges Vandel & Reverchon
Il s'agit d'horloges à cage assez classiques 
avec comme particularité l'utilisation d'une suspension à couteau.
Nous reproduisons, à titre d'exemple, le début 
un devis de 1822 pour l'horloge de la Cathédrale de Clermont-Ferrand [G0049]. 
Cette horloge sera vendue pour 1500 Francs, plus 400 Francs pour la tringlerie, 
la minuterie, le cadran et l'aiguille et 500 Francs pour la pose. Cette horloge 
est à deux corps de rouages, mais Vandel et Reverchon produisaient également des 
horloges à trois corps de rouages. Enfin, le devis est signé « pour Vandel, 
Reverchon et Cie, Romanet ». Romanet est un nom courant de Morez et nous 
ne savons pas le lien entre ce Romanet et ceux qui ont fait et vendu des 
horloges d'édifice [I0001, B0008].
Quelques annotations sont ajoutées au texte, 
entre crochets.
Devis d'une horloge verticale 
pour être placée à la tour de la cathédrale de la ville de Clermont-Ferrand, à 
la place de la vieille qui y existe.
Fonctions de l'horloge
Art. 1. 
Cette horloge sonnera les heures, les demi-heures et répétera les heures par un 
seul et même marteau frappant sur le timbre de la vieille horloge. Le marteau de 
la vieille horloge, ainsi que ses conduits et engins, servira pour la neuve en 
le faisant lever raisonnablement pour obtenir un coup proportionné au poids de 
la sonnerie, lequel pèsera environ cent kilogrammes (soit le double parce qu'il 
sera mouflé à cause de la répétition).
Cette horloge restera montée trente heures environ, à quarante cinq pieds [14,6 
mètres] de chute, et elle montrera l'heure sur un seul cadran [il n'y a pas 
d'aiguille de minutes].
Forme de la Cage
Art. 2. La 
cage de ladite horloge sera de barres en fer doux, bien et solidement assemblées 
et retenues avec des écrous. Ladite cade aura quatre pieds deux pouces [1,35 m] 
de longueur, vingt quatre pouces [0,65 m] d'épaisseur et d'hauteur convenable; 
Les quatre piliers auront quinze à seize lignes carré [3,4 cm], garnis chacun d'un 
pommeau en cuivre au-dessus. Les barres transversales et les colonnes auront 
vingt quatre à vingt cinq lignes de large [5,5 cm] sur six lignes d'épaisseur
[1,4 cm].
Rouages, &.
Art. 3. 
Ladite horloge sera à deux corps de rouages, dont l'un pour le mouvement et 
l'autre pour la sonnerie. Ces deux corps de rouages seront à remontoir, 
c'est-à-dire que les poids se remonteront avec une manivelle portant une 
lanterne engrenant sur les roues de remontoir, lesquelles seront incrustées sur 
les cylindres. Toutes les roues seront en cuivre, excepté leur croisée qui 
seront en fer.
Art. 4. Les 
deux roues d'en bas auront vingt quatre pouces de diamètre [65 cm], douze 
lignes d'épaisseur sur la dent [2,7 cm] ; la planche de vingt quatre lignes de
large [5,4 cm], et 
sera ciselée en dedans pour qu'il n'y reste que six lignes d'épaisseur [1,4
cm]. Les 
roues moyennes auront d'un tiers à un quart de moins que les dimensions 
ci-dessus, tant en diamètre qu'en épaisseur.
Art. 5. Les 
roues seront fixées sur leurs axes par des écrous. Ces axes et ces écrous seront 
proprement limés à huit pans, et adoucis. Les fuseaux des lanternes seront 
d'acier trempé, tournés et polis, ainsi que les pivots des arbres et des axes 
des roues, lesquels tourneront sur des grains en cuivre jetés sur les colonnes 
et débordant celles-ci de chaque côté.
Art. 6. 
L'échappement sera à chevilles ; le balancier, du poids d'environ douze 
kilogrammes, supporté par une suspension à couteau d'acier trempé ; ce balancier 
aura environ dix pieds [3,25 m] de longueur. Il sera établi un contrepoids pour 
soutenir les vibrations pendant le remontage du poids du mouvement.
Art. 7. Les 
heures se compteront par un râteau, agissant sur un limaçon. Il y aura des 
rouleaux en cuivre tournant sur les chevilles qui font jouer la bascule du 
marteau, afin d'en adoucir le choc ; le bout de cette bascule sera acéré et 
trempé. Le volant sera en fer, à quatre ailes.
Art. 8. La 
cage, les pièces d'assemblage et dépendantes, les croisées des roues, enfin 
toutes les pièces en fer non nécessaire d'être polies, seront bronzées en noir 
et passées à l'huile afin d'éviter la rouille.
Art. 9. 
Comme on désire une horloge particulièrement soignée, dans tous ses détails, 
tant pour l'agrément du coup d'oeil que pour le bien de la chose, il y sera 
établi de plus qu'à l'ordinaire, 1°- Un petit cadran intérieur pour régler 
l'aguille sur le grand cadran dans la voir ; 2°- Une vis de rappel pour dresser 
l'échappement sans toucher à l'horloge ; 3°- De doubles encliquetages aux roues 
d'en bas ; 4°- La vis portant le rouleau de la détente sera retenue avec un 
écrou ; 5°- La détente tournera sur pivots, et des grains en cuivre, dans un 
pont bien établi ; 6°- Le cercle en fer portant les chevilles de la roue d'en 
bas pour la levée de la bascule, sera retenu sur chaque cheville avec écrous au 
lieu d'être rivé, afin de faciliter le nétoyement [sic] de ces chevilles et le 
rechange des rouleaux pour la suite ; 7°- Les vis rempliront tous les écrous de 
la cage, au lieu d'être plates comme à l'ordinaire ; 8°- Les roues des 
remontoirs auront douze lignes d'épaisseur sur la dent [2,7 cm] ; 9°- La lanterne du 
remontoir tournera sur des grains en cuivre des deux côtés ; les supports 
extérieurs de cette lanterne seront retenus avec écrous au lieu d'être rivé, et 
les deux barres transversales portant les supports intérieurs seront beaucoup 
plus fortes que les autres barres ; 10°- Les rochets auront quatre lignes
d'épaisseur [0,9 cm], et le limaçon deux lignes environ [0,45 cm] ; 11°- Les grains des pivots des 
roues seront percés pour faciliter la mise des huiles.
[... suit la description du cadran, de la 
tringlerie, etc., et le prix...]
 
En 1819, Vandel & Reverchon font également des « 
pendules portatives à ressort » des « tournebroches portatifs à ressort » et des 
« tournebroches à poids ». Les ressorts sont achetés à l'entreprise Peugeot dès 
1818 [C0029, p. 272, 275].
C'est à Reverchon que l'on doit ce qui semble 
être la version écrite la plus ancienne de
la légende des frères Mayet. Il 
l'a mise par écrit en 1821 [C0029, p. 105].
Nous retrouvons un établissement « Vandel aîné 
et Cie » à Morez en 1834 [B0008]. Est-ce le même Vandel ?