La vie de Mr. Ernest Millet, horloger-paysan, Placier.

«Il était horloger-paysan, exploitant sa culture une partie de la journée, et le reste du temps ainsi que ses soirées et pendant les longues journées d'hiver, [exerçant] le métier de Placier. Il descendait une fois par semaine à Morez, le samedi, son échelle au dos, sur laquelle il avait 8 mouvements de comtoise, afin de les donner au commissionnaire. Avant de remonter, son tour de marché fait, il reprenait 8 mouvements sortant de l'engreneur (cage, platine et roues) ainsi que 8 forgées (c'est-à-dire 8 jeux de leviers de fonctions, étoteaux, détentes, etc.) et repartait ainsi à pied vers sa ferme sur les hauteurs, à Bellefontaine. Là, il ajustait chaque pièce au mouvement - les roues étant déjà dans les platines - puis il redémontait le tout, roues, colonnes, montants, leviers, afin de polir à vif le fer et le laiton, sur le tour à polir, à la lime en premier, puis avec des cabrons émerisés à grains de plus en plus fins, pour «terminer au vif», un feutre sur bois avec de la «terre pourrie». Les pièces droites comme les colonnes étaient polies par une roue en bois émerisée appelée «catole», tournant entre pointes sur le tour, qu'il actionnait, en pédalant sur une grande pédale faite d'une planche fixée par une charnière au plancher et reliée par un levier-bielle à une grande roue en bois de 1 mètre de diamètre sur 12 cm de large, elle-même fixée au plafond, qui une fois lancée, par inertie, grâce à sa masse, actionnait la poulie du tour. Lorsque son fils était là, c'était son travail.»

 Source [B0002, p. 11]